NOUVELOBS.COM | 24.12.2008 | 12:09
Après avoir provoqué l'indignation des passagers d'un avion lors d'une expulsion de sans-papiers, ils ont été interpellés et sont poursuivis pour opposition à une reconduite à la frontière.
Trois philosophes arrêtés et poursuivis pour s'être opposés à l'expulsion de sans-papiers sur un vol Paris-Kinshasa dénoncent mercredi 24 décembre dans une tribune publiée dans Libération une "volonté de constituer un délit d'opinion".
Sophie Foch-Rémusat, Yves Cusset et Pierre Lauret se rendait le 16 décembre dans la capitale de République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa. Ils constatent qu'au fond de l'avion sont assis "un homme et une femme, d'origine africaine" qui sont "menottés, et entourés de plusieurs policiers en civil".
Ils décident alors "d'aller demander à quel titre ces personnes sont expulsées".
Visage en sang
Pendant vingt minutes, les autres passagers, dont beaucoup d'Africains "discutent, protestent, s'indignent, demandent qu'on enlève les menottes ou que la police descende de l'avion et refusent de s'asseoir".
Lorsque le calme revient, une hôtesse de l'air vient demander l'identité des trois "fauteurs de trouble". Pierre Lauret, directeur de programme au Collège international de philosophie, refuse.
Un "instant plus tard, des policiers armés et bottés le somment de sortir (...) et le sortent manu militari de l'appareil", selon son récit. Sur la passerelle, les policiers "le plaquent au sol et le menottent avec brutalité, son visage éraflé est en sang". Il subit six heures de garde à vue et est convoqué au TGI de Bobigny pour "opposition à une mesure de reconduite frontières et entrave à la circulation d'un aéronef".
11h de garde à vue
A leur retour le 22 décembre, ses deux compagnons de voyage "sont appréhendés par la police au sortir de l'avion et passent 11 heures en garde à vue pour 'outrage, menace à agent de la force publique et opposition à mesure de reconduite frontières', en attendant leur convocation devant le procureur".
"Ce qui frappe dans cette histoire", estiment les trois intellectuels, "c'est la volonté de constituer un délit d'opinion".
"Nous avons seulement posé des questions, de manière calme et pacifique, sans jamais émettre ni slogan ni appel", poursuivent-ils. "Mais le seul fait de porter à la connaissance de l'opinion et qu'elle s'en empare, l'action du gouvernement, est traité comme un grave délit".
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