FRANCE INFO - 23 DÉCEMBRE 2008
Trois universitaires qui se rendaient à un colloque de philosophie à Kinshasa ont été placés en garde à vue le 16 décembre, à la suite d’un incident dans l’avion qui les amenait sur place. Ils sont soupçonnés d’avoir tenté de soulever l’avion contre une reconduite à la frontière. Ils affirment avoir simplement voulu poser des questions aux policiers.
Peut-on poser toutes les questions et en toutes circonstances ? Beau sujet pour le bac philo que Pierre Lauret, Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset, tous trois philosophes vont pouvoir méditer.
Le 16 décembre dernier, ces trois universitaires partaient pour un colloque à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Colloque, organisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie et les facultés catholiques de Kinshasa, et dont le thème était la culture du dialogue, les frontières et l’accueil de l’étranger.
Or, dans le même avion se trouvait une personne reconduite à la frontière, avec escorte de police. Ils décident alors d’aller questionner les policiers sur les motifs des expulsions et la raison de leur présence à bord.
Selon une source policière présente à bord, les policiers de l’escorte leur auraient promis des explications après le départ, mais les trois philosophes les exigeaient sur le champ. L’ambiance est alors devenue électrique. Les passagers alentour se sont énervés à leur tour et certains se sont levés pour empêcher le départ de l’avion.
Altercation avec une hôtesse
Les policiers de l’escorte ont alors demandé l’intervention de leurs collègues de l’escale et le calme est revenu.
C’est alors qu’intervient un nouvel incident. Une altercation entre Pierre Lauret et une hôtesse de l’équipage. Selon la même source policière, il l’aurait insulté. Version des faits contestée par Pierre Lauret, qui affirme qu’il a “seulement” traité l’hôtesse de “délatrice”, parce qu’elle demandait son nom.
Quoiqu’il en soit, le commandant de bord a décidé l’expulsion de Pierre Lauret. Expulsion musclée, avec l’aide à nouveau des policiers de Roissy, et au milieu de l’agitation générale dans l’avion, ce qui a provoqué une seconde expulsion.
Les policiers se préparaient à en effectuer une troisième quand le commandant de bord a décidé de calmer les passagers en leur demandant de se rassoir sous peine d’annulation du vol.
Méthode efficace. L’avion part enfin, avec quatre heures de retard.
A bord, les deux philosophes auraient continué à mobiliser les passagers, en faisant circuler une pétition et en récoltant de l’argent pour la personne reconduite aux frontières. Aucun autre incident n’est venu troubler le vol.
Interpelés au retour
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais surprise, à leur retour, deux jours plus tard, ils trouvent un comité d’accueil aux intentions plutôt inamicales, puisqu’il se compose de policiers de l’air et des frontières. Ils passeront 11 heures en garde à vue, avant d’être remis en liberté. Ils n’ont toujours pas reçu de convocation en justice, alors que Pierre Lauret est convoqué le 4 mars pour une reconnaissance de culpabilité, après avoir passé six à sept heures en garde à vue.
N’ayant pas été interpelés au départ, ils se demandent aujourd’hui qui a fourni la liste des passagers à la police, et la date de leur vol retour. Une décision qui entre dans les attributions du commandant de bord.
Grégoire Lecalot
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