La question classique des libertés publiques nous importe, car sans elles on ne peut faire vivre la démocratie en acte, dans des situations comme celle à quoi nous avons été confrontés. Si poser des questions à des policiers est un délit, alors on n’a plus le droit de faire voir, par la seule force de la parole, une situation d’oppression, et de la proposer au regard et au débat publics.
Pour autant, nous n’oublions pas ce qui est à l’origine de notre acte commun : une situation bien précise d’expulsion d’étrangers résidents sans titre de séjour, avec toutes les questions qu’elle enveloppe sur les migrations et les frontières, la justice, les droits.
Pour cette raison nous ouvrons sur notre site une rubrique Migrations et politique, destinée à la publication de papiers théoriques - et autres œuvres, pourquoi pas ? -pour les sans papiers, qui aborde toutes ces questions.
Il est urgent de travailler à découvrir ce qui lie la lutte des sans papiers aux autres - à d’autres – lesquelles ? Découvrir aussi ce que la solidarité avec les sans papiers suppose de remises en questions et de changement. Il faut faire exister dans le vocabulaire et la syntaxe de la philosophie politique et morale les souffrances des sans papiers, les injustices dont ils sont victimes : leur trouver des noms qui leur permettront d’être mieux reconnues.
Le problème est non seulement européen mais mondial - la France n’est pas loin s’en faut le seul pays qui expulse et l’Europe n’est pas la seule destination d’immigration illégale. On a changé d’échelle et de format ce qui suppose que le lieu de la protestation et de l’action n’est plus le même, il doit aussi être mondial. C’est pourquoi internet est aujourd’hui un lieu important pour le partage de la réflexion, de l’expérience et de l’action.
Yves Cusset, Sophie Foch-Rémusat, Pierre Lauret
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