Viva le 25/03/09
par Maîté Pinero
Le mercredi 8 avril 2009, à 10 heures, 5 500 personnes, se présenteront devant les palais de Justice de Paris, Lille, Marseille, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Rennes et ailleurs en France, pour affirmer avoir, un jour, aidé un homme ou une femme sans‐papiers en difficulté.
A l’appel de nombreuses associations (Emmaüs France, RESF, Fédération de l’Entraide Protestante, du Secours Catholique, de la Cimade, du Comede, du Gisti, de la Fasti, de l’Uniopss...) ils vont dénoncer la criminalisation de la solidarité en mettant le gouvernement au défi : « Nous sommes 5 500 citoyens décidés à rester des aidants ! Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit ! »
Incroyable : des objectifs d’interpellation prévus d’avance !
Ce nombre de 5 500 ne doit rien au hasard. Dans l’annexe « immigration et asile » de la loi de Finances pour 2009, « le nombre d’interpellations d’aidants » les sans-papiers prévu par le gouvernement est stipulé : 5 000 en 2009, 5 500 en 2011. On apprend dans le même document qu’il y a eu 4 365 interpellations d’aidants en 2006 et 4 504 l’année suivante. Les quotas s’appliquent à tous : aux sans papiers expulsés et aux personnes solidaires qui leur viennent en aide.
En effet, en France, c’est désormais un délit d’accueillir, d’accompagner, ou seulement d’aider une personne en situation irrégulière. Interpellés les « aidants » tombent sous le coup de l’article 6.222-1 du Code relatif à l’entrée, au séjour et au droit d’asile, qui punit de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 30 000 euros l’aide à l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers. Et les affaires se succèdent. En décembre, quatre philosophes français se rendant au Gabon pour un colloque sur « la culture du dialogue, les frontières et l’accueil de l’étranger » aperçoivent au fond de l’avion un homme « très digne » mais menotté et entouré par six policiers. Ils posent des questions, attirant l’attention d’autres passagers, des Africains qui s’indignent. Pierre Lauret l’un des philosophes est débarqué de l’avion, placé pendant six heures en garde à vue. A leur retour les autres philosophes, Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset, sont eux aussi appréhendés et mis en garde à vue.
Flagrant délit de solidarité à Calais
Le 18 février 2009, à 7 h 45 du matin, la police frappe à la porte de Monique Pouille, 59 ans, bénévole aux Restos du coeur et à l’association Terre d’errance. Depuis deux ans et demi, cette femme organise les dons de nourriture et d’habits pour les migrants qui errent autour de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre. Elle recharge aussi leurs portables. Ce que les policiers qualifient de « flagrant délit d’aide aux personnes en situation irrégulière".
Opération policière chez Emmaüs
L’interpellation le 16 février 2009 d’Hamid, un sans‐papier accueilli par la communauté Emmaüs de Marseille Pointe‐Rouge, s’est transformée le 17 février 2009, en opération policière dans cette communauté. Ainsi, sur décision du parquet de Marseille une perquisition a eu lieu dans la dite communauté Emmaüs aux fins de recenser la présence d’éventuels compagnons sans papiers. Dans le même cadre, Kamel un responsable de la communauté a été mis en garde à vue pendant 6 heures le 17 février.
Protester coûte 1 500 euros
D’autres aidants ont déjà été condamnés et mis à l’amende/ c’est le cas de André Barthélemy, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et président de l’ONG lyonnaise Agir ensemble pour les droits de l’homme ( AEG). Ce responsable que les magistrats ont déclaré coupable de « provocation directe à la rébellion »reconnu a été condamné le 19 mars à 1 500 euros d’amende pour avoir protesté contre l’expulsion de deux sans papiers à bord d’un vol d’Air France Paris-Brazzaville, en avril 2008.
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